Horns


Horns



Réalisé par Alexandre Aja, spécialiste de l'horreur, Horns est sorti sur les écrans français le 1er octobre 2014. Ce long métrage de deux heures est une adaptation du roman, du même nom, de Joe Hills. Du fait de sa noirceur et de certaines scènes, le film est interdit au moins de douze ans. Sorti depuis deux semaines seulement, le film ne semble pas trouver son public et totalise à ce jour, en France, seulement 175 967 entrées. Aucune date de sortie Blu-ray/DVD n'a été annoncée à ce jour.


Casting principal :
Ig Parrish : Daniel Radcliffe
Merrin Williams : Juno Temple
Terry Parrish : Joe Anderson
Lee Tourneau : Max Minghella

Ig Parrish voit sa vie devenir un enfer quand sa petite amie, Merrin, est assassinée. Poursuivi pour un meurtre qu'il jure ne pas avoir commis, toute la ville condamne le jeune homme, harcelé par les habitants, poursuivi par les médias, il trouve un repos partiel seulement auprès de sa famille et son meilleur ami, également son avocat, qui le soutiennent. Un matin de désespoir comme un autre, Ig se réveille et constate que des cornes lui ont poussé sur le front. D'abord effrayé, il ne tardera pas à découvrir qu'elles ont un pouvoir : ses interlocuteurs ne peuvent s'empêcher de lui dire la vérité et tout ce qu'ils pensent. Usant de ce nouveau pouvoir, le jeune homme part dans une quête vengeresse pour trouver qui a tué Merrin.


Marion

L'avis de Marion : Très emballée par le concept de base, désirant lire le livre, j'étais pressée d'aller voir Horns pour le sujet, l'ambiance sombre et prometteuse du trailer mais aussi, je dois l'avouer, Daniel Radcliffe. La déception est énorme car le film a un réel potentiel non exploité.
       
       Commençons par l'affiche. Froid, distant mais avec une certaine tristesse dans le regard, Daniel Radcliffe incarne bien son personnage d'homme épleuré mais animé d'une volonté vengeresse. Le fond brumeux d'une forêt correspond bien à l'ambiance très gothique sudiste qui a été intégrée. Bref, l'affiche trouve grâce à mes yeux jusqu'à ce que je lise la petite phrase commerciale agaçante : « le livre culte de Joe Hill ». Autant, l’œuvre est effectivement culte en Amérique, ce n'est en revanche pas le cas en France où le roman a été si peu édité qu'il n'était plus disponible jusqu'à sa réédition en janvier 2014 pour le film justement.
         Petit commentaire à présent sur le sous-titrage. Comme toujours, je suis assez dépitée de la perte d'expression ou d'humour qu'il y a dans la traduction, des parties étant parfois carrément modifiées. Toutefois, c'est bien la première fois que je vois des erreurs impardonnables de français dans les sous-titres : « à été », ça pique les yeux tout de même.

     Niveau scénario, le film est prometteur et annonce très clairement du lourd : ambiance angoissante, psychologique, tendue, remplie de mystère dans une quête vengeresse. La première moitié du film tient ses promesses et se déploie même dans une optique assez humoristique du fait de l'incongruité des situations. Dans une ambiance oppressante et intimiste, on suit avec angoisse l'enquête de Ig découvrant peu à peu des pans insoupçonnés de la victime. Un reproche toutefois à cette première partie : le flashback sur l'enfance des protagonistes est incroyablement long et n'apporte pas grand chose selon moi. Il aurait pu être raccourci sans problème. Les choses se gâtent avec la seconde partie du film. En effet, elle décline dans l'absurde, la surenchère, les déploiements scénaristiques farfelues et ridicules. Une ambiance sordide et surtout sexuelle non nécessaire est installée, gâchant le film tant c'est agaçant. Chaque manifestation des pouvoirs de Ig donne prétexte à des propos très orientés ou à du sexe. C'est à cause de cette seconde partie que je ressors du film, déçue, un mot s'imposant à moi : daube.
      Il n'est pas aidé par les effets spéciaux qui sont massivement présents dans cette seconde partie justement. Les serpents, qui marquent une transition dans le film et le moment où j'ai cessé de l'apprécier, sont faits en image de synthèse et ça se voit. Sur les plans larges, l'animation est belle, fluide, les reptiles ne choquent pas l’œil. En revanche, dès que la caméra resserre son point de vue sur l'un d'eux, c'est la catastrophe. Les bêtes font plastique, pendant parfois même misérablement avec des mouvements caractéristiques pathétiques. Le comble reste l'usage répété de la même séquence pendant la même scène. En effet, pendant l'un des interrogatoires, plusieurs plans serrés ont été effectués sur Daniel Radcliffe qui porte à ce moment là l'un des serpents autour du cou. Celui-ci fait tout le temps les même mouvements à chaque apparition, montrant que les monteurs ont fait un copié collé tout simple de l'animation.

       Pourtant, le film est convainquant sur bien d'autres aspects comme le jeu des acteurs. On note bien la différence de comportement des gens qui se font interroger par Ig. En effet, il y a ce petit flottement normal, quand les interlocuteurs pensent encore par eux-même, puis vient ce moment clé alors qu'ils dévoilent tous leurs plus noirs secrets et deviennent complètement hors de contrôle. Deux exemples sont frappants dans le film : Terry Parrish et Mr-Mme Parrish. Les deux scènes avec ces protagonistes sont horribles psychologiquement parlant, d'un poids écrasant mais remarquablement bien jouées. Mme Parrish semble complètement fascinée par les cornes de son fils et lui débite horreurs sur horreurs avec le sourire. Fabuleux travail des acteurs, vraiment. Qu'en est-il de Daniel Radcliffe ? Convaincant. Même très bien au vu des aberrations scénaristiques qu'on lui a fait jouer. Le jeune anglais s'en tire avec les honneurs, autant convaincant dans sa peine que dans la douleur ou encore dans les digressions haineuses.
         Deux autres points forts indéniables du film sont l'OST et la réalisation. En effet, la musique est tout simplement bien choisie et géniale. Des musiques d'ambiance douces à celles angoissantes mais d'une beauté fascinante avec l'intégration de musique connue comme Personnal Jesus, reprise de Marilyn Manson, ou encore If I Had A Heart de Fever Ray, marque les moments clés du film avec une élégance et subtilité qui rehaussent la réalisation. Celle-ci est d'ailleurs vraiment bonne. La nature joue un rôle assez important et est filmée avec soin par des plans larges qui, de façon naturelle et douce, se resserrent pour passer de nouveau sur les acteurs. Mon manque de connaissance technique ne me permet pas de commenter plus en profondeur mais je ressors convaincue que les plans, les fondus, bref la réalisation n'est pas à blâmer dans l'échec du film.

     Au final, c'est une amère déception qui n'est à imputer seulement au scénario complètement déstructuré et anarchique de la seconde partie qui parvient presque à nous en gâcher la première partie plaisante. Cela en est tel que je déconseille d'aller voir ce film qui n'est pourtant pas dénué d'intérêt et de possibilités. Dommage.

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